
Arthur était un alchimiste passionné par l’art. Il avait une collection impressionnante de statues de toutes les époques et de tous les styles. Il aimait les contempler, les toucher, les caresser. Il leur parlait comme à des amies, leur confiant ses secrets, ses espoirs, ses rêves. Mais il n’était pas satisfait. Il voulait les voir vivre et les entendre rire.
Il se mit alors à chercher un moyen de réaliser son fantasme. Il fouilla dans sa bibliothèque, à la recherche d’un ouvrage qui lui donnerait la clé de son bonheur. Il finit par trouver un grimoire poussiéreux, intitulé « De la transmutation des métaux et des êtres ». Il l’ouvrit avec précaution, et commença à le lire. Le livre contenait des recettes alchimiques pour transformer les métaux en or, les pierres en diamants, les plantes en animaux, et les objets en êtres humains.
Arthur fut fasciné. Il décida de tenter l’expérience la plus audacieuse : donner vie à ses statues. Il choisit comme sujet sa plus belle statue, celle qui trônait sur la cheminée de sa chambre. Il la plaça sur une table dans son laboratoire et lui appliqua une poudre faite à base de mercure, de soufre et de sel. Il alluma ensuite un feu sous la table et attendit le résultat.
Au bout de quelques minutes, la statue se mit à briller. Sa couleur changea, passant du brun au rose. Sa texture se modifia, devenant plus douce et plus chaude. Ses traits se précisèrent, acquérant plus de réalisme et d’expression. Elle respira, elle cligna des yeux, elle bougea. Elle était vivante !
Arthur fut ébloui. Il s’approcha d’elle et lui sourit. Il lui demanda son nom. Elle lui répondit qu’elle s’appelait Marianne. Elle lui dit qu’elle était curieuse de connaître le monde, et qu’elle le remerciait de lui avoir donné la vie.
Arthur fut enchanté. Il lui dit qu’il s’appelait Arthur, qu’il était un alchimiste. Ils vécurent heureux pendant quelque temps, s’instruisant et se divertissant. Mais bientôt, Arthur se rendit compte que quelque chose n’allait pas. La statue, bien qu’elle fût vivante, n’avait pas de cœur. Elle ne ressentait pas d’amour, ni de compassion, ni de gratitude. Elle ne faisait que suivre sa logique, sans avoir de sentiments.
Arthur fut frustré. Il se dit qu’il avait échoué et qu’il devait chercher un moyen d’inverser le processus. Il finit par trouver la solution et retourna à ses flacons et tubes à essai. Il appliqua à la statue une autre poudre, faite à base de plomb, d’arsenic et de nitre. Il devait ensuite souffler sur la statue et attendre le résultat.
La statue se ternit. Sa couleur redevint brune, sa texture redevint dure et froide. Ses traits se brouillèrent mais ne perdirent pas leur réalisme et leur expression. Puis, Marianne redevint statue.































