L’usine Shifumi tient son nom du célèbre jeu de mains auquel les enfants s’adonnent dans la cour de récréation. Le fameux « pierre-feuille-ciseaux » que tout un chacun connaît sur le bout des doigts… C’est aussi l’équation qu’il fallait résoudre pour entrer dans l’enceinte de l’usine très bien clôturée…
Derrière un mur haut de trois mètres, se dresse un monstre de pierres et de taules au milieu d’une folle végétation qui dévore des carcasses de voitures, camions et autre engins aussi étranges qu’inattendus en ces lieux. Quel drôle de jeu nous jouons là !
Les pieds dans l’eau, cette ancienne papeterie a finalement chaviré et les ouvriers ont dû quitter le navire. Le site est laissé à l’abandon quelques années et, depuis, sous le poids des arbres et la puissance des intempéries, l’acier se tord, rouille, s’effrite et disparaît derrière l’épaisse verdure. Malgré tout, on peut y découvrir des engins très hétéroclites et de toutes les époques dont la majorité provient de… l’armée car, sans le savoir et au fur et à mesure de notre exploration, nous comprenons que nous avons pénétré dans une immense aire de jeu pour militaires : un véritable camp d’entrainement qui semble abandonné lui aussi.
Soudain, une voiture passe lentement le long du mur d’enceinte derrière lequel nous sommes. La voiture s’arrête, le moteur s’éteint, deux portes claquent. La séance photo est suspendue immédiatement. Nous nous éloignons chargés de notre matériel pour reprendre notre exploration plus loin avec une certaine appréhension… Nous croiserons finalement deux autres « explorateurs » attirés eux aussi par ce monstre de ferrailles… soulagement.